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Bases et interventions militaires françaises
La stratégie militaire française persiste dans la continuité historique. Cela apparaît clairement lorsque l’on superpose les cartes des anciennes colonies avec celle des interventions et celles des bases militaires. La France intervient pour défendre ses intérêts et «empêcher l’expansion du terrorisme jusque sur l’Hexagone». L’armée française est présente en Afrique, elle possède 3 bases militaires: à l’Ouest à Dakar, au Centre à Libreville et à l’Est à Djibouti. Elle est intervenue des dizaines de fois depuis les indépendances, il y a soixante ans, pour préserver ses intérêts, soutenir ses protégés au pouvoir. Elle a participer à des mission commune de l’OTAN mais elle est aussi intervenue seule, sans mandat international.
La présence militaire française en Afrique est une réalité subie par bon nombre de citoyens africains. Les signes de soutien ou les critiques paternalistes des gouvernements sont toujours d’actualité: En avril 2021 l’hommage au président Tchadien Idriss Déby par le président Macron lors de ses funérailles. Avant lui en 2013, François Holland avait déclenché l'Opération Serval au Mali, à défaut d'utiliser la voie diplomatique et de tenter une médiation entre les belligérants qui s'impose 8 ans après. En 2011 Nicolas Sarkozy a décidé d’intervenir en Libye pour renverser Khadafi, en 2007 son discours à Dakar vantait les mérites de la colonisation. En 2004, Le président français Jacques Chirac donne l'ordre de destruction de tous les moyens aériens militaires ivoiriens. En 1994, sous la présidence de Mitterrand, l’armée française avait soutenu le gouvernement rwandais Hutu malgré le génocide des tutsis (800 000 morts)... La liste des interventions de l’armée française depuis les indépendances est longue.
Les interventions militaires ne prennent généralement pas en considération les attentes des populations, au contraire elles permettent soit de maintenir au pouvoir des chefs d’Etat sous prétexte de stabilité, soit de les remplacer par des alliés de la France, souvent des politiques et hommes d’affaires corrompus.
Le résultat de ces guerres, interventions et missions de maintien de l’ordre sont le plus souvent désastreuses au regard des populations, et représentent l’image violente de la puissance coloniale toujours présente. Les militaires français de l’Opération Barkhane considèrent les populations comme suspectes. Ils ne peuvent déceler qui pourrait être leur ennemi «terroriste» parmi la population, leurs informations sont souvent sectorisées, tous les habitants qui peuvent détenir des appareils de communication ou un fusil de chasse... auront au minimum leurs matériels saisis, ils pourront être arrêtés, interrogés, emprisonnés ou pire tués. Ce climat de guerre larvée au fil des ans crée un sentiment légitime, que les militaires sont des envahisseurs et pour les plus âgés que c’est le retour des colonisateurs.
Les intérêts divergents entre les militaires et les populations qui chercheront toujours à se soustraire d’une oppression par une résistance. Si une partie de la population au Mali lors de l’Opération Serval semblait accueillir favorablement la France censée aider l’armée malienne à chasser la progression des djihadistes, issus en partie de la guerre en Libye (Opération Harmattan 2011), la longévité de l’occupation du territoire par les militaires a fini par retourner l’opinion contre eux. Les tensions naissent dans la population en partie par la nécessité de vivre en sécurité, créant une adhésion logique à l’un ou l’autre des camps. La présence militaire peut durer des années voire des décennies, comme au Tchad où la présence militaire française est quasiment continue depuis 1978.
L’option diplomatique semble abandonnée. Signifiant le refus de prendre en compte les réalités territoriales: le peu d’investissement des états pour le développement des populations, le partage des terres, des richesses et les différences culturelles qui cohabitent dispersées entre états (dont la responsabilité historique incombe aux puissances colonisatrices, dont la France, qui ont dessiné «à la règle» les frontières des états africains). Le 11 juin 2021, le Président Macron a déclaré que «l’Opération Barkhane» s’arrêterait prochainement. Oui l’Opération Barkhane, comme avant elle Serval, est arrêtée mais cela ne signifie pas la disparition des soldats français sur le terrain. Ils seront toujours là, sous le commandement de l’Europe avec l’opération «Tabuka» déjà opérationnelle. Ce seront des forces spéciales internationales, 25 000 militaires /Commandos qui interviendront parmi lesquels environ 2500 (à 5000) français. Cette «Opération Takuba» est une initiative de la France en juin 2019, et n’est donc pas la conséquence du coup D’État militaire au Mali comme le prétend Macron mais plutôt de l’inefficacité de l’«Opération Barkhane». Les peuples qui occupent depuis toujours le Sahel risquent de ne pas voir leur situation s’améliorer tant que les occidentaux continueront leur chasse aux terroristes et la préservation des intérêts financiers, sur la terre de leurs ancêtres.
De plus en plus des sociétés de sécurités armés privées, fondées par des anciens militaires, protègent les intérêts des entreprises françaises implantées sur le continent comme: Total, Areva, Bouygues....
La Françafrique a toujours été composée de militaires, de dirigeants d’entreprise et de politiques.
Ce réseau complexe aux multiples ramifications et intérêts permet aux entreprises d’obtenir des contrats à leurs avantages, elle permet le maintien au pouvoir de certains dirigeants ou encore la préservation des intérêts français (300 militaires pour surveiller les mines d’Areva au Niger, etc.). Ce système bien huilé n’a aucune raison de s’arrêter par lui même, sachant que ces opérations militaires sont des vitrines pour vendre nos armes, matériel et expertises militaires. Cependant des refus de la présence militaire française se sont toujours exprimés et continuent de l’Ouest au Centre de l’Afrique. Si nous opposions un autre regard et refusions des interventions de l’armée française et des ventes d’armes nous éviterions certainement des crises qui tuent et déplacent des centaines de milliers d’êtres dans toute l’Afrique et parfois au delà de ce riche continent.
Légende : Interventions militaires
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Les points blancs dans les carrés : Bases militaires françaises
Les bateaux : Navires de guerres français positionnés en permanence Golfe de Guinée, Golfe Persique.